Bonheur au travail à La Réunion

“Le bonheur au travail devient une nécessité. Les entreprises de demain seront celles qui sauront allier l’épanouissement de l’individu avec celui du monde.” Interview de Jennifer Vignaud dans le femme magazine d’août 2018. Article de Bernadette Kunzé – Photo Jérémie Lapra

Etre acteur de sa vie, s’orienter vers un métier qui a du sens pour soi et pour la planète, unir bonheur et travail… le life designing, développé à la Réunion par jennifer vignaud, promet plus d’humanité.

Femme magazine : comment votre livre « réaliser son rêve professionnel grâce au life designing » (le seul en france consacré à cette nouvelle approche de bien-être au travail), a-t-il été accueilli à sa sortie ?

Jennifer vignaud : Nous avons eu de beaux retours de professionnels de l’orientation qui y trouvent des outils concrets pour leurs accompagnements, ou encore de jeunes ou personnes en reconversion qui utilisent la méthode pour se créer un métier qui leur correspond. Je suis heureuse que ce livre réponde à ce besoin criant d’épanouissement et de sens dans notre société.

f.m. : Qu’est-ce que le life designing a de si innovant ?
J.v. : Le life designing offre une nouvelle approche de l’orientation et du travail. Il est né originellement de la réflexion de spécialistes de l’orientation du monde entier a n de répondre aux besoins des individus de notre siècle. Le terme life designing est souvent tra- duit par « construire sa vie », j’aime person- nellement la traduction « créer sa vie. » Dans la méthode que j’ai développée, je mets en valeur la singularité de chaque individu et en quoi il peut être une solution pour le monde. L’objectif est d’accompagner l’individu dans la création et la réussite de projets et métiers riches de sens pour lui et pour le territoire. Je souhaite ainsi que l’orientation profession- nelle reprenne son sens, que le bonheur fasse partie intégrante du travail et que les individus et entreprises répondent aux défis planétaires auxquels nous sommes confrontés.

f.m. : sur quelles bases s’appuie ce concept qui fait le lien entre l’homme, le travail et le monde ?
J.v. : Notre méthode « Humean » s’appuie sur les clefs des sciences de l’orientation mais aussi celles de la psychologie positive, des neurosciences, du biomimétisme et de l’entrepreneuriat social. Elle est également le fruit de centaines d’interviews et biographies que j’ai réalisées dans le cadre de mon projet « Monde, qui es-tu ? ».

f.m. : on y parle de «bonheur» du salarié, une notion très vague…
J.v. : La notion de bonheur au travail peut en effet paraître très vague et est souvent réduite au fait d’avoir un nouveau bureau, une chaise plus confortable ou autres activi- tés et objets super ciels. Pourtant, d’un point de vue scienti que, cette notion est très pré- cise et peut être mesurée concrètement. Dans la démarche que j’ai développée pour les entreprises, la notion de bonheur au travail fait référence à des éléments précis tels que l’adéquation homme/travail, la motivation, les relations sociales, le sens, le management…

f.m. : de même, on peut mettre tout ce que l’on veut sous le terme de qualité de vie au travail…
J.v. : Une démarche de QVT efficace et durable doit réunir l’épanouissement des salariés, de l’entreprise et du monde. Pour moi, elle doit donc réunir le bien- être physique et psychologique des salariés, et l’impact positif de l’entreprise sur le territoire. La performance et

la réussite de l’entreprise sont des conséquences de ces deux facteurs clefs. Les notions d’impact et de sens de l’entre- prise sont souvent des points négligés ou sous-estimés. Ce sont pourtant des facteurs incontournables pour réaliser une démarche QVT durable et efficace. Quelle valeur représente l’épanouissement d’un salarié et de la réussite d’une entre- prise si nous n’intégrons pas le bien-être de son environnement ? C’est comme si nous nous occupions d’un arbre dans une forêt en feu. Il est essentiel aujourd’hui de recentrer cette dynamique de qualité de vie au travail autour des besoins du monde.

f.m. : ceux et celles qui font appel à vous n’ont-ils pas déjà fait un pas de géant en prenant le recul nécessaire à une prise de conscience : ma vie ne me satisfait pas ?

J.v. : Heureusement, de plus en plus de personnes réalisent ce pas aujourd’hui. Trop de jeunes ne savent pas ce qu’ils veulent faire ou choisissent des études par défaut. Trop de salariés n’ont pas envie d’aller au travail le matin. Trop d’individus ne trouvent pas de sens dans leur fonction. Le bonheur au travail n’est plus un luxe, il devient une nécessité. Il est urgent de favoriser l’épanouissement professionnel de chacun pour construire le monde de demain.

L’enjeu n’est pas seulement individuel, il est collectif. Si nous sommes heureux dans notre travail, cela a un impact sur nos proches et sur le monde. Cette responsabilité incombe aujourd’hui à chaque individu mais aussi aux entreprises, écoles et institutions. La société est le re et de nos choix individuels. Les solutions dont nous avons besoin se trouvent avant tout dans nos mains. Ainsi, les individus qui viennent dans mes formations font deux pas de géant : un en entrant et un en sortant avec leur projet.

f.m. : Quels outils supplémentaires apportez-vous ?
J.v. : J’aime m’inspirer de la nature et de son fonctionnement pour créer des outils durables et riches de sens. Je réalise d’ailleurs une session dédiée à la permaculture du travail en 2018 à La Réunion. Le jeu et la pédagogie active font aussi partie intégrante de mes programmes. Les neurosciences nous apprennent que notre cerveau se développe là où on l’utilise avec enthousiasme alors je mets cet élément au coeur de mon travail. Enfin, je suis en train de réaliser une mallette de jeux d’orientation durable et bien-être professionnel. Cinq jeux qui verront le jour cette année.

f.m. : des start-up ont bien compris l’intérêt de chouchouter leurs salariés au sein même de l’entreprise en créant des espaces de repos, des espaces où « vivre ensemble ». Résultat : les salariés oublient de compter leurs heures de travail. chez google, véritable ville dans la ville, le phénomène ne prend-il pas une ampleur inquiétante ? des salariés heureux, c’est donc une entreprise qui gagne ?

J.v. : Utiliser l’épanouissement des salariés pour uniquement gonfler un chiffre d’affaires, cela n’a plus de sens aujourd’hui. Je travaille avec des chefs d’entreprise visionnaires qui ont cerné leur époque et qui savent mettre le bien-être du monde en premier plan. D’un point de vue économique, environnemen- tal et sociétal, tout le monde y gagne !

f.m. : dans les années à venir, pensez- vous que les mots « performance », « compétition », « surpassement de soi » auront encore du sens ? et par quoi les remplacer ?

J.v. : Tout dépend du sens que nous donnons à ces termes. Si la performance et le surpassement de soi sont dédiés à la résolution d’un enjeu mondial, pourquoi pas. Mais je souhaite en effet que le monde de demain soit illustré par les mots «coopération», «solutions», «complémentarité», «épanouissement», «sens», «écosystème de l’humanité.»…

Aller plus loin :
«réaliser son rêve professionnel grâce au life designing» –
guide d’orientation positive.
Editions Dunod – Interéditions
Tedx Réunion 2014 /jennifer vignaud humean.ovh www.mondequiestu.com

Plus d’informations sur les prochaines formations de Jennifer en orientation durable et bien-être professionnel : contact@humean.ovh